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Vrais récits ou faux témoignages?

Le compte à rebours.

« Dans une époque d’usurpation et d’hypnose collective dans laquelle les faussaires (et autres humanoïdes fonctionnels) ont définitivement pris la place des « autres », j’ai finalement choisi de prendre un temps et d’adopter aussi ce narratif impudique et parfois délictueux, après toutes ces années de silence respecté…

pause.

À des fins d’exutoire, à défaut d’exulter. Pour une cause personnelle et particulière.

Histoire de garder une impression de lutte -même inutile- face au récit final artificiel qui corrompt chaque jour un peu plus le terrain de la vérité. 

L’objectif de cette transmission publique fait aujourd’hui sens à mes yeux : me (dé)livrer entre les lignes et avec quelques signes afin de donner un autre aperçu de ce que je suis… pour vous mes filles.

Alors, vous envisagerez peut-être une face différente de moi, sans doute moins drôle mais toute aussi révélatrice… »

à suivre…

90 secondes...
Fiction

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Observer, écouter, comprendre, témoigner, rendre compte, transmettre, porter un message et ses valeurs…

L’Atelier du Film est une agence audiovisuelle spécialisée dans la création de contenus audiovisuels.

Petite ou grande structure, projet unique ou créations régulières, nous vous accompagnons depuis 2012 dans la conception de votre communication sonore et visuelle. Afin de créer aujourd’hui votre communication de demain.

Depuis 2012, l’Atelier du Film, réalise :

des documentaires natures, des reportages de proximité, des montages videos en ligne, des supports pédagogiques, des interviews, des films de formation, des films institutionnels, des photos-montages créatifs, des ateliers découvertes, des tutoriels, des teasers, des captations, des courts métrages, des animations graphiques et divers contenus sonores et créations visuelles. 

« Situé dans le département de la Loire, au coeur de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Atelier du Film Créatifvous propose divers contenus de créations audiovisuelles par le biais, notamment, de supports pédagogiques, de productions documentaires, de réalisations originales et de films de formation. 

Son action principale est de témoigner des faits en mettant en lumière des gestes…

assez loin du récit traditionnel et naturellement plus proche de vous »

 L’Atelier du Film :

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 L’Atelier est spécialisé dans le secteur audiovisuel et réalise des productions personnalisées.

« Mettre en lumière le réel pour ne plus croire seulement qu’aux apparences... »


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Voyage à travers les sens

Création Sonore Interactive réalisée en 2001 par Frédéric Roquelet et Sébastien Masnada-

« Voyage à travers les sens » est une création sonore interactive, comprenant un livre de photographies et un cd audio.

Ces fictions sonores ont la particularité d’avoir été construites avec un point de vue narratif différent et dans un genre distinct.

Les 3 histoires se déroulent toutes dans 1 décor unique : la forêt.

Les photos n’ont aucune suite logique et laissent donc une certaine liberté à l’utilisateur qui à la possibilité de mettre en scène un visuel personnel.


C’est un véritable travail sur le sens qui nous est convié, une expérience à travers nos émotions et notre imagination : un voyage à travers les sens…

01/ Qui à peur du loup ?

Genre : Drame

Nombre de comédiens professionnels : 3

Durée = 10 : 05 minutes

Musiques et bruitages : Sam Adan

« Octobre 1956

Mais que fait cet enfant, seul, en pleine forêt ?

Est-ce prudent de faire du vélo en ce tôt matin d’automne ?

Sa mère est-elle au courant qu Maxime prend la direction des marais où il est toujours dangereux de s’y risquer ?

Comment va-t-elle réagir par autant d’imprudence ?

La solidarité des villageois qui accompagnent Rachel dans sa recherche va –t-elle suffire pour retrouver le petit maxime sain et sauf ? » extrait

02/ Khantara, la forêt des Prodiges

Genre : Aventure

Nombre de comédiens professionnels : 3 + 1 enfant amateur

Durée = 22 :15 minutes

Musiques et bruitages : Sam Adan

« De nos jours, à l’heure du goûter, un vieil homme raconte à sa petite fille de 10 ans une histoire extraordinaire qui se serait déroulée dans la forêt des Prodiges…

Le projecteur de diapositives est bientôt prêt, les rideaux sont fermés, Manon peut maintenant s’installer confortablement dans le canapé du salon et écouter attentivement son grand-père… » extrait

03/ Zone C.

Genre : Science-fiction

Nombre de comédiens professionnels : 2

Durée = 7 : 35 minutes

Musiques et bruitages : Sam Adan

« A l’aube du XXII ème siècle, deux membres du Personnel appartenant à une organisation militaire clandestine sont envoyés dans la Zone C. afin de percer son mystère.

Cette forêt surprotégée, à l’allure de forteresse, cache la Fondation, société secrète qui n’hésite pas à enlever du Personnel Résidant pour mettre au point ses expérimentations… 

Ces deux volontaires, aux intentions différentes, savent que leur chance de survie est infime mais décident malgré tout de braver l’interdit… chacun pour une raison bien précise… » extrait

Un phare sur l’océan

-Essai-

Sébastien Stéphane MASNADA 

– 2009 –

Açores 2019.

Voici Hector, un marin au long court affable et souriant, qui poursuit sa promenade matinale en direction du vieux port. L’air est humide ce matin et le phare de Ribera, bercé par la houle, semble danser sur les lames de l’océan. La canne grise soutient la marche cahoteuse du vieil homme et guide ses pas silencieux vers son fidèle bateau transporteur. 

Il y a longtemps qu’il ne prend plus la mer et à l’aube de ses cent ans il ne saurait sans doute plus comment faire tourner cette coquille de noix. Cette vision du grand large est toujours aussi présente dans son cœur et ces vagues ondulantes quicaressent son modeste navire marchand lui rappellent de jolies pensées enfouies dans sa mémoire. Le bateau est resté à quai mais les souvenirs naviguent à jamais, tourbillonnants au- dessus de cet océan agité. Il n’est pas sept heures. Le port est encore tranquille. Les hortensias viennent ici et là nous rappeler que cette nature est belle et majestueuse. Ici, l’homme est en harmonie avec ce qu’il y a de plus vrai, dans ce qu’il a de plus beau. Hector a toujours su qu’il vivait sur un site privilégié et malgré tous ces voyages autour des mers, toutes ses aventures aux quatre coins des terres, il savait qu’il reviendrait finir ses jours à San Miguel. L’homme aime s’asseoir sur son banc face à l’immensité de l’océan pour tâcher d’en retrouver son propre bleu infini. C’est son moment de grâce qu’il partage avec sa mélancolie du passé. Sur l’embarcadère, d’autres fiers navires accolés au sien sautillent à la moindre secousse et viennent frotter la coque de son fidèle Belvédère. Il vient chaque jour de ce côté ci de l’océan pour tenter de replonger au plus profond de son être afin que rejaillissent les meilleurs moments de son avoir. A travers ces étincelles nostalgiques, Hector fait le lien entre ce passé heureux, comme figé au cœur de l’océan et ce présent en suspens, propice à toutes formes d’interprétations. Ce doux rêveur à l’imagination abondante allait une fois de plus se perdre dans les méandres de son âme en empruntant les fantaisies audacieuses de l’enfant inspiré qu’il a était. A travers l’itinéraire de sa vie, nous allons être les invités privilégiés de ses voyages et les témoins informés de ses pensées. Nous le suivrons à travers ce chemin initiatique, quasi hypnotique, balisé par des souvenirs fragmentés et des fantasmes inachevés… Alors, laissons donc Hector hisser la grande voile de ses inspirations et découvrons ensemble les histoires qu’il aura eu vent de nous faire partager aujourd’hui… 


Note sur la Police de Caractère :

en italique : pensées d’Hector dans la période vécue (exemple « La fille de l’inca » : 1949)

en italique gras : pensées d’Hector devant le phare (2019)

en normal : narration (nouvelles écrites en 2009)


La fille de l’Inca 

C’est le premier jour de l’hiver de ce côté-ci de l’hémisphère. 

De l’autre, mon cerveau reste à demi éveillé… Déclinant mes souvenirs dans leurs moindres détails… Avec un œil pointé sur le phare… Un point d’ancrage. Une raison. Un vague équilibre au creux de l’océan. Il est des journées qui demeurent gravées à jamais. Je me souviens particulièrement de celles-là. J’avais une vingtaine d’années quand j’ai décidé d’entreprendre ce premier long voyage à bord de mon bateau. C’était un mois de juin 49… 

Auberge du Grand Condor. Cuzco. 

A travers mes jumelles, je viens de dévisager les Andes sous toutes leurs formes. Le col long, en place, et le port altier engagé, je relève ma boîte à maux chevelue pour ne pas perdre le coup, ni feindre de baisser la tête devant son éminence. Rien ne semble pouvoir entraver mon appétit et ma flamme d’explorateur après toutes ces années de disette et de couvre-feu. Ces années de guerre avaient bel et bien contribué à ma déformation mais il était tant d’oublier ce passé peu glorieux en changeant la barre de direction. Désormais, cette cité mirifique est à ma portée et c’est le plus important à mes yeux… 

Pour parer à toutes les éventualités, je prenais des notes riches en crayonnant les grandes lignes de mon expédition dans un carnet de fortune. Le lendemain à l’aube, j’allais pouvoir commencer l’ascension et répondre favorablement à l’appel de mon corps impatient. 

Après avoir fixé solidement les crampons de mes chaussures, je suis en train d’ajuster consciencieusement mon sac à dos, assis sur le rebord de mon lit… 

Dans cette modeste chambre, une imposante horloge orne l’espace. Les murs sont glacés mais l’ambiance y est feutrée. Le sol est verni, à la limite du praticable. Le rideau rouge est tiré. L’éclairage en clair obscur. 

Un faux plafond est soutenu par des colonnes en déclin. La voûte principale semble perdre aussi ses rares points d’intérêts et menace de s’écrouler sur la scène. 

« Les endroits comme celui-ci ne sont pas légion ! Ce n’est pas un hasard si je me suis retrouvé ici » pensai-je avec raison. Je n’aurais pas déserté mon passé pour rien. Ce lieu était sans doute le meilleur des ralliements. 

Sur la porte du placard de location des cafards maquillent l’enseigne de l’auberge à l’effigie d’un géant ailé. L’intérieur du garde costumes en est tout aussi infesté mais ils étaient là bien avant Hector. 

Je prends mon mal en patience en regardant à travers cette fenêtre qui donne sur le plus beau des spectacles : la cordillère des Andes au soleil couchant… Je me revois tenir une carte entre les mains. Mon appareil photo n’est pas très loin. Posé, là, sur la chaise marine. Je suis en train de surligner de rouge l’itinéraire que je dois emprunter… Et puis, quelqu’un vient frapper à ma porte. 

Un jeune homme fluet à la mine réjouie se présente devant moi en me tendant un plateau de provisions. Il me lance : « …galletas y bebida, senor ! chocolate caliente… esta muy bueno… sin duda, el mejor de todo el pais ! esta para usted! Tome! » 

Je ne sais pas si le chocolat chaud que m’avait préparé ce chef était réellement le meilleur de tout le pays mais il est vrai que son subtil fumet se porta délicieusement à mes narines. Et, après en avoir avalé une gorgée, je ne pouvais qu’opiner en son sens.

« ya esta, senor ? esta listo para la montana, verdad? » continua t-il. 

Oui, j’étais prêt pour la grande ascension. Prêt à gravir « La montagne », comme ils l’appelaient familièrement là- bas. J’allais pouvoir gravir le sommet du Machu Pichu et être au plus près de cette cité perdue. Mon hôte, Esteban, me souhaita bonne continuation puis il retourna à ses occupations.

Un jour avant, je suis en train de vagabonder dans les rues de Callao. J’ai laissé mon « Belvédère » au dépôt de la Bingham compagnie. Mon premier chargement a été livré… Je me souviens de cet océan agité.

De la longue traversée. Du canal de Panama. De mon inexpérience. De l’instant précis où j’ai failli perdre la vie. De ces récifs dangereux.

De cette escale éprouvante à Kourou. Du remorquage à Barranquilla… Je n’ai rien oublié… 

Le soleil ne s’est pas encore levé à Cuzco. Aujourd’hui, je me suis réveillé de bonne heure. C’est le grand départ. J’ai fini mon inventaire. 

Je vais pouvoir sortir. Marcher sans lendemain. Trotter dans ces vastes contrées isolées avec l’insouciance de ma jeunesse comme seule alliée. Cette montagne me fait face. Elle reste mon seul objectif. Je file au gré du vent, je défie les aiguilles du temps, avec une seule idée en tête… 

Paris. Deux années ont passé depuis cette expédition péruvienne. Hector est dans son appartement. Le lit est défait. Le frigo est encore vide. Tout est blanc. Désespérément éclatant. Il se tient la tête à deux mains. Chaska se tient près de lui. Elle lui chuchote des jolis mots à l’oreille. Ce dimanche est ensoleillé. Ils marchent ensemble sur les bords de la Seine. Elle lui prend la main. En retour, il lui donne un baiser… 

Je poursuis ma marche en avant tout en gardant un œil sur le chemin parcouru. Le sommet n’est plus qu’une vague question de temps. C’est bien ce que j’avais envisagé, ce panorama est magnifique : 

Cette première vue est un instantané mémorable. Mais je ne suis pas seul ? D’autres sont déjà là ! Trois explorateurs endimanchés me tournent le dos. L’un d’entre eux vient finalement dans ma direction, sans doute pour me parler. Je ne comprends pas sa langue. 

Elle me semble pourtant familière mais je n’en saisis pas un traître mot. Il me pointe du doigt un autre versant de la cordillère. Peut-être se dirigent-ils là-bas ? L’ensemble est trop flou… je ne sais pas… 

Ils repartent de leur côté. Je ne les vois déjà plus. Ce ne sont plus que des fourmis qui s’éloignent au lointain… Je touche au but. J’aperçois déjà le cadran solaire qui trône au cœur de la cité. Je laisse tomber mon sac. Prendre des photos. Sortir ma gourde pour m’hydrater. Boire encore et encore… et puis cette lumière qui m’aveugle ! Qu’est ce donc ? Elle me suit depuis le début de mon ascension… Son éclat est de plus en plus fort. Graduel. Dérangeant… Je ne peux plus avancer. J’ai mal aux yeux… mal… ma tête va exploser… Je suis tétanisé… mais… qu’est ce que c’est ? Quelque chose vient vers moi ! 

Ils remontent la Seine. Regardent dans la même direction. Chaska sort des lunettes noires de son sac à main. Ils vont prendre un café. Ils semblent bien ensemble. Elle lui rappelle leur histoire. Celle ou ils n’étaient encore que des étrangers, l’un pour l’autre. Il la regarde, sans mots dire. A peine sont-ils entrés dans l’établissement qu’une serveuse renverse son service sur le carrelage. Son patron ne semble guère apprécier ce geste malencontreux et se charge de lui faire savoir. La jeune fille relève la tête en même temps que le reste de son corps et observe Hector fixement… Ce dernier croit aussi la connaître. Il détourne son regard afin de ne pas embarrasser Chaska. 

Depuis la vallée des incas, je pense d’abord apercevoir un astre mais je découvre finalement un prodige…

Vous voulez terminer la lecture d’ « un phare sur l’océan » et découvrir mes autres nouvelles ? Merci beaucoup pour votre intérêt ! N’hésitez pas à m’écrire !

Sébastien M.

Désordres ordinaires & des vies synthétiques

Nouvelles bêtes et gentilles

Sébastien Stéphane MASNADA

2005

 

1 : L’envers du décor
2 : Les vertus du temps
3 : Innocentes mélancolies
4 : La vie en questions, la mort en réponse
5 : Vies synthétiques
6 : Seuls les yeux ont encore leurs maux à dire

7 : Le pardon de la vieillesse
8 : Désordres ordinaires
9 : L’ultime bourreau
10 : Le sort des autres
11 : Le réveil du sourd
12 : L’imbécile querelle

 

 

 

1

L ́ENVERS DU DÉCOR

Jans – 53 ans – Mars 1997

(Ce texte se lit dans les deux sens)

Pourtant, qui pourrait nous assurer que c’était bien là son dernier acte ?
Cet homme allait fuir sa vie dans une course contre la mort; dévalant quatre à quatre les escaliers de l’infortune avec une seule idée en tête.
Un soir de brouillard, par un janvier glacé, ce gardien de la paix était devenu un énième combattant clandestin.
L’envers de son décor avait prodigieusement changé.
Autrefois probe, il serrait aujourd’hui sa boîte à maux chevelue, à deux mains, afin de ne pas hériter d’une basse dépression.
La condensation suintait de ses pores à l’instar d’une cafetière mal embouchée.
Il avait prit la peine de refermer son sac et de loger l’arme à réaction, un temps, sur sa tempe.
De plus en plus cruel.

Il se voyait l’exécuter avec ce détachement pénible qui caractérise les plus bornés…
Elle allait pousser un large cri; perforant les murs cartonnés de cet habitacle peu fréquentable. Lui, comme un aimant dépolarisé, allait écorner les oreilles de l’amante vulnérable en paroles désobligeantes.
Elle, bafouillait ses souffrances, en mettant les mains en évidence comme pour parer à l’éventualité d’un soufflet mal placé.
L’homme se tenait devant sa proie comme un piquet vermoulu.
Il venait de lui vider son sac

Terni, il joua son air crédule, teinté de lâcheté.
La jeune et, semble-t-il, jolie héroïne se fixa un point d’ancrage dans la pièce marine pour s’affranchir de ses fugaces contrariétés.
Ses yeux vides et impressionnés continuant leur manège désenchanté autour de cette nébulosité tamisée.
Puis, d’un bond, elle se releva du trône et chassa ses mauvais esprits dans l’évidoir caverneux. Enveloppée dans une robe, forcément éclatante, sa chair emprisonnée lui joua encore des mauvais tours empoisonnés.
Son visage, touchant à souhait, subissait les assauts forcés de cette violence répétée.
Pourtant, il l’aimait.
La belle rongeait, par principe, le reste des ongles qui ornaient ses doigts de faïence.
L’homme malhabile regardait la douce du coin de l’œil, une fois l’accès au bain profané.

De plus en plus féroce.
Son ardeur aussi.
Son pouls s’accéléra.
Il renversa son café froid de la veille sur la table du salon, aussi basse que son estime et retrouva la balle dans sa selle de bains.

Il était redevenu ce molosse haineux assaillit par l’inconstance.
Crachant son dégoût au nez et à la face du silence.
L ́agent haussa sa note d’un demi-ton et laissa sa fierté mal ordonnée reprendre sa fonction dans cette affaire de coeur démantelé.

N’avait-il pas déjà fait la moitié du sale boulot ?
L’animal reprenait du poil de la bêtise.
Il sécha le semblant de larmes qui venaient, ici et là, dégraisser ce visage boursouflé.

D’un geste sûr, l’homme referma ensuite la porte dans son écrin de velours.
Il posa, en préambule, son sac dans le réceptacle de l’entrée.
L’une de ses clefs perfora sans difficulté le loquet et libéra la lumière du séjour.
Le trousseau allait être utile une dernière fois.
L ́homme, déterminé, se trouvait devant chez elle.
Avec une seule idée en tête.

 

(Ce texte peut se lire dans les deux sens)


 

 

 

 

2

LES VERTUS DU TEMPS

Journal de Frida – 31 ans – Juin 2014

Prologue-

Barby remonte ses guêtres luminescentes avec un savoir-faire ordinaire dans la nuit quelconque de cette rue nébuleuse. Sa bouche peinte en évidence étale sa pénible activité et ses talons hauts rythment un état lent. Dans le même temps, un observateur enraciné choisi de remonter la vitre de sa voiture ; histoire de cacher son faciès, coutumier du fait…

Introduction-

Le coupé antique, rangé entre deux arbres centenaires, fait vrombir son moteur.
Barby s’approche du touriste asexué et tend, silencieuse, une note avec deux zéros griffonnés. A travers sa vitre, ce dernier sent monter en lui l’incontrôlable sentiment de culpabilité. Enchaîné au volant et poussé par l’unique appétence congénitale, il accélère soudainement son « file au vent » bruyant et décide, d’un trait, de réexpédier son attelage…
Il écrase son mégot d’un geste sûr puis exhorte les aiguilles de son intérieur cuir à intensifier leur cadence…
La route sinueuse délivre les penchants matériels de Monsieur et bloque ses élans d’imposture matrimoniale. Ses pensées perdent la raison. La peur assaille son être et force son avoir à reculer.
Après quelques kilomètres avalés, l’homme apaisé regagne finalement son domicile conjugal. Il essaye par tous les artifices d’évacuer la frivole attraction de son esprit. Une fois arrivé devant son foyer, la honte enflamme bientôt l’encéphale de l’émacié.
Il s’arrête devant cette porte aussi sombre que son regard et semble hésiter à en libérer la serrure…

Analyse-

Lorsque le bougre franchirait ce seuil d’entré, Madame attendrait, sans doute et sans autre occupation, l’une de ses glorieuses explications.
Elle écouterait une fois de plus la décharge peu modifiée de Monsieur.
L ́absence de gouttes sur la bouille ramollie du sujet témoignerait d’une parfaite maîtrise de la situation. Le ver irait, comme il se doit, embrasser son fiston endormi dans sa chambre et lui souhaiterait en silence la meilleure des nuits.

Il se rendrait ensuite dans la salle de soins où il prendrait la fameuse douche consolatrice. Puis, il filerait se préparer un mets aromatisé dans son garde-manger.
Enfin, sa belle le rejoindrait dans le salon «déromantisé»…
et ils parleraient, sans doute, de cette charmante nuit…

Développement-

Une fois ranimé, l’efflanqué loge la clef dans son trou et pousse prudemment la porte d’entrée… Le ver semble décidé à s ́introduire. Il passe son intérieur dans cette demeure ardente tout en luttant contre sa propre consumation. Il découvre assez vite, accrochée sur le miroir de l’entrée, une autre note griffonnée. Profil bas. Il tient peut-être dans ses mains l’objet de son propre délit. L’homme contemple son visage dans le révélateur de défauts et contre toute attente, un rictus se détache peu à peu de sa façade altérée…
Le rejeton avait semble-t-il flairé les délicates intentions du père. Il avait vu juste en choisissant de passer la nuit chez un camarade de classe. Le cœur du comptable ralentit un peu mais va poursuivre sa douteuse opération. Rien ne semble encore perturber son champ d’action. Aucun obstacle en vue.

Pour l’instant, le hall d’entrée est dégagé.
L ́homme semble progresser ainsi… pas à pas, vers la pièce principale.
Il tente un appel discret à l’intention de sa femme… histoire de tâter l’état du terrain…

Tiens, il range maintenant son imperméable troué dans une armoire. La réponse attendue tarde à tranquilliser ses cornets sonores. Notre berger poursuit sa campagne et se dirige maintenant vers la chambre à coucher. Il traverse la pièce principale de la résidence et va, très certainement, monter à l’étage. Oui, c’est ça… il se déplace prudemment, tel un cambrioleur aguerri… il s’arrête devant… Oh non !… Que se passe t-il ?! Sa femme est là… étendue !
Elle est à terre… comme évanouie… au pied de l’escalier !
Un filet d’écume sanguinolent coule sur son visage ! Une mare écarlate vient buter contre les chaussures cirées de l’horrifié ! Il n’ y a plus rien à faire, elle est déjà morte… il se jette sur ce corps immobile pour être au cœur du débat ! Mais c’est déjà trop tard ! C’est…
Les martèlements d’assistance sur cette frêle poitrine sont inefficaces… c’est inutile Charlie… tu ne peux plus rien ! Relève-toi !!! … relève-toi, elle est déjà morte…

Conclusion


Le chagrin inonde notre marin d ́eau douce…
Il comprend, entre deux lamentations, comment l’incident a dû se produire :
La seringue à peine défaite de son emballage est là, échouée près du corps.
Charlie ferme ses yeux et imagine sa femme dégringoler dans l’escalier du salon… puis il voit sa tête heurter la dernière marche… avec fracas…
Les empreintes dans sa chair peuvent témoigner de la violence du choc…
Il réalise qu‘elle aura essuyé une nouvelle crise. Celle-ci aura été foudroyante
Le comptable sort du domicile familier et laisse échapper ses sanglots dans le jardin.
Ses larmes lui font rouvrir les yeux… et marquent dans le même temps la fin de cette séquence prémonitoire…

Charlie se réveille au volant de sa voiture cachée entre deux arbres centenaires.
La cendre de sa cigarette entame son beau pantalon mais épargne le reste.
Engoncé dans son habitacle, il semble se soustraire aux minutes qui fuient le cadran… Sans doute piégées, elles aussi, par les vertus du temps…

Epilogue-

Barby abaisse ses guêtres luminescentes avec un savoir-faire particulier dans la nuit quelconque de cette rue nébuleuse. Sa bouche peinte en évidence étale sa pénible activité et ses talents bas rythment un état long. Dans le même temps, un observateur enraciné choisi de descendre la vitre de sa voiture ; histoire d’exhiber son faciès, coutumier du fait…

 


3

Innocentes mélancolies

Rapport de Luis – 42 ans – Mars 2006

Deux mots.
Deux mots ont suffi pour accorder une issue moins pathétique à cet insensé procès… sept mois d’instruction judiciaire ont suffi pour démanteler une carcasse de quarante ans d’âge incisant au passage sa maigre portion d’âme.

Des années me resteront encore pour évacuer par les pores cette honte légitime qui s’est octroyée le monopole de mon corps. Je suis véreux comme une pomme flétrie dont la visite d’un ver peu luisant viendrait lui rappeler qu’elle est devenue inutile. Mon ver est mon regret. Frustré de n’avoir pu dire non.
Je rêve d’une délivrance, d’un recours ou d’une seconde chance mais je me réveille toujours la tête coincée entre mes deux oreillers que je garde encore jumelés pour me souvenir d’un autre temps. D’un temps où je pouvais encore me regarder dans un miroir sans en faire mon propre délit de faciès. Celui où je pouvais encore effacer d’un revers d’esprit mes erreurs juvéniles. Le temps où Déborah pouvait encore me dévisager tendrement et y déceler une infinitésimal part d’humanité. J’entends encore résonner ses mises en garde au sujet du Centre. Je me revois lui verser des discours juteux, dénués d’à propos et noyés de suffisance. J’ai perdu la tête et le tronc en est désormais décharné ; délesté d’un poids et de toute la légèreté qui l’accompagnait. Je souhaite, par ces révélations, expliquer mon geste afin d’apporter un semblant d’éclaircissement à cette déraison collective dont nous avons fait l’objet.

Je n’ai été que l’un des derniers maillons de cette odieuse machination, cependant je me sens autant responsable que les initiateurs de ce plan.
Je suis le professeur Luis Markal et je vous demande pardon…

 

 

Vous voulez terminer la lecture « d’innocentes mélancolies » et découvrir mes autres nouvelles ? Merci beaucoup pour votre intérêt ! N’hésitez pas à m’écrire et à vous abonner 😉

Sébastien M.